Où sont passés les poissons-scies ?

Les poissons scies, vous connaissez ? Oui, bien sûr avec un nom et un physique pareil, ils partagent avec les requins marteaux la particularité de ne pas passer inaperçus. Pourtant, s’ils se taillent une bonne popularité dans notre imaginaire, quand est-il de la réalité ? Car, malheureusement, les poissons-scies deviennent rares, ils font partie des espèces gravement menacées de disparition.

Les poissons-scies ressemblent à des requins, mais ce sont en fait des raies. Comme elles, les fentes branchiales sont sur la face ventrale. Son long rostre, « la scie », muni de dents latérales, leur permet de détecter les champs électriques émises par ses proies et de les frapper pour les assommer ou les capturer. Ce sont des poissons qui vivent près des côtes, dans les estuaires et dans les mangroves. En Guyane, il devrait être possible de retrouver deux espèces de poissons-scies : Le Poisson-scie commun (Pristis pristis) et le Poisson-scie tident (Pristis pectinata).

En effet, le poisson-scie est connu depuis fort longtemps en Guyane. Par exemple, En 1652, P. Biet, dans son « Voyage de la France équinoxiale » écrit : « Le costé de Mahury en est fort peuplé, Le sieur le Vendangeur en a beaucoup pris ». Il précise que s’il n’aime pas le goût, il a fait de l’huile pour lampe de bonne qualité avec son foie. En 1949, dans son livre sur les poissons de la Guyane, J. Puyo, écrit qu’il est très souvent pris dans les filets. Il raconte même l’échouage en 1929, sur la vasière derrière l’hôpital militaire, à Cayenne, d’un poisson scie de 600 kg et d’une longueur de près de 5 mètres ! Il pense alors, déjà, que ces poissons viennent se reproduire dans les eaux saumâtres du littoral car de nombreux petits individus, entre 0,5 et 0,9 m, scie comprise, sont pêchés à la senne, ce grand filet qu’on déploie à partir de la plage.

« Araguagua », 1648, Marggraf G., Sur http://www.manioc.org

De nos jours, où sont passés les poissons-scies ? Victimes de la pêche, de la destruction de leur habitat dans certaines régions du monde, c’est l’un des poissons marins les plus menacé au monde. Il a disparu d’au moins 20 pays, on estime que leur nombre a diminué de 80 à 95 %, ces 30 dernières années.  Toutefois, l’espèce est très discrète et il n’est pas impossible que la Guyane nous réserve des surprises. C’est pourquoi les associations Des Requins et des Hommes, Kap Natirel, entre Terre & Mer, le GEPOG, le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins de Guyane (CRPMEM) et l’Ifremer se sont associés pour lancer le projet « TIDENT ». Il s’agit d’une grande enquête sur les requins-scies en Guyane et dans les caraïbes. Vous pouvez y participer en envoyant vos observations, vos témoignages (Voir l’affiche).

En tant que super prédateur, le poisson-scie joue un rôle important dans son écosystème. Il a inspiré aussi des artistes comme Bobby Lapointe et sa chanson : « Le poisson fa ». Notre biodiversité est aussi à l’origine de notre créativité…

« Il était une fois
Un poisson fa.
Il aurait pu être poisson-scie,
Ou raie,
Ou sole,
Ou tout simplement poisson d’eau,

Ou même un poisson un peu là,
Non, non, il était poisson fa :
Un poisson fa,
Voilà. »

Bobby Lapointe

Pour participer à l’enquête sur le poisson-scie :

Références :

Une réflexion sur “Où sont passés les poissons-scies ?

  1. Merci pour cet article.
    Je ne cesse d’être sidérée par l’effondrement exponentiel de la biodiversité depuis ces 40 dernières années, quand il y a encore 200 – 300 ans, la Terre et les océans regorgeaient de vie, de poissons géants, de nuées d’oiseaux, de grands mammifères herbivores et de super-prédateurs, et de champs de fleurs sauvages à perte de vue.
    Le poisson-scie est aussi l’emblème de la Banque Centrale de Etats de l’Afrique de l’Ouest dont le siège est à Dakar. Le poisson-scie, semble être avec l’antilope (peut-être l’hippotrague ?) un des « totems » les plus appréciés en Afrique de l’Ouest.
    La région du Sine Saloum servait très probablement de pouponnière pour les alevins de ces Sélaciens. Haïdar El Ali a lancé il y a plus de 25 ans un programme de reboisement de la mangrove. Espérons que ça aide à faire revenir le poisson-scie… J’ai eu souvent l’occasion de voir d’impressionnants trophées mités de ces poissons (rostres mal conservés) dans les restaurants et autres auberges de chasse, mais jamais en vrai. Les raies-guitares se portent mieux. Il y a des espèces qu’on souhaiterait vraiment ne jamais voir s’éteindre.

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